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Conférence d’Alice Ferney le 15 mai

Avec ses treize romans, c’est une partie du monde de la littérature qui s’est offerte à nous en ce lundi 15 mai. Par l’intermédiaire de Mme Bullier professeur de français dans les classes de 2°B et de 1°, Alice Ferney, autrice française de renom, est venue nous faire une conférence. Pas de thème précis, pas de grand discours, mais un simple jeu de questions-réponses, libre, léger et peu académique à l’image de cette femme de Lettres cultivée, délicate, assise sur le bureau du professeur : c’était avant tout une rencontre. Nouvelle, pleine de richesse, nous avions un regard sur le monde actuel non pas extérieur, mais introspectif, fin et lucide.

C’était avec le monde du roman. Ce monde qui est censé, comme dit Kundera dans l’Art du roman, examiner l’existence. “Et l’existence n’est pas ce qui s’est passé, l’existence est le champ des possibilités humaines, tout ce que l’homme peut devenir, tout ce dont on est capable. Les romanciers dessinent la carte de l’existence en découvrant telle ou telle possibilité humaine.” Un monde appelé toujours à se renouveler, dans sa forme, mais aussi de par ses thèmes. A quoi bon écrire ce qui a déjà été fait ? Tout est unique et c’est bien ce que nous avons pu entrapercevoir en deux heures de conférence avec Alice Ferney. Chaque livre doit être un bijou et l’écrivain est un patient orfèvre.

Mais la véritable question demeure : comment se renouveler dans l’écriture alors que comme l’explique dans sa sublime prose La Bruyère : “Tout est dit et l’on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes et qui pensent”, comment avoir quelque chose à dire, encore ? A cela, Alice Ferney répond. Chaque époque est différente et que celle-ci étant la matière du roman, le fait renaître à chaque instant, il apporte sa propre singularité. Certains thèmes, abordés aujourd’hui, ne l’étaient pas avant. Par exemple, dans son roman L’intimité, l’autrice peint une scène d’accouchement, ce qui n’a jamais été fait auparavant ; pourtant, dans l’existence, n’est-ce pas un moment essentiel, celui où la femme devient mère ? Jamais une femme n’avait auparavant décrit une scène d’accouchement, il y a eu renouvellement du monde romanesque.

En changeant la forme, en racontant une nouvelle histoire, chaque roman complète la grande fresque de la vie peinte par les hommes. Dans cette conférence, tout était nouveau et exceptionnel. C’était un voyage, non pas hors du temps, mais une pénétration plus profonde de notre époque, dans sa beauté et dans son horreur. Oui, cela donnait envie d’y vivre, d’y croire.

Colomban Domergue