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Conférence à succès le 8 novembre : L’adolescent, par Marguerite de Thieulloy

La psychologie de l’adolescent, par Marguerite de Thieulloy, mère d’un ancien élève, voilà ce qui fait courir les foules au Lycée Hautefeuille, en ce 8 novembre. Il faut dire qu’elle en parle avec une redoutable compétence, une grande passion et une vraie vision de foi. Plus de 90 personnes à une conférence dans la salle à manger du lycée, cela relève de l’événement. À renouveler.

COMPTE RENDU, par François FECHNER, précepteur (notes prises en cours de conférence)

Psychologie des adolescents

Conférence exposée par Mme Marguerite de Thieulloy

Mme de Thieulloy est psychologue de son métier ; elle travaille dans quatre établissements scolaires. Elle a 4 enfants âgés de 21 à 14 ans.

Au quotidien, l’on voit des adolescents qui ne vont pas bien. La psychologue reçoit parfois des ados en crise d’angoisse ou en attaque de panique.

Françoise Dolto : “l’ado est un homard sans carapace ; il est donc vulnérable. Il perd la carapace de son enfance”. Ceci s’accompagne d’une perte d’estime de soi très forte et une perte de contrôle de soi.

Alain Braconnier (pédopsychiatre) en 2013 : l’adolescent n’est plus comme auparavant. Il est mieux informé et a plus de maturité. Les repères, dont la famille, ont beaucoup changé. Tout cela est plus compliqué et se retrouve dans toutes les tranches de la société.

10 à 15 % des ados ne vont pas bien. Le monde est devenu très anxiogène.

Sur l’adolescence, la 1ère étude remonte à 1850 : adolescence = puberté + crise + besoin d’encadrement.

La crise de l’adolescent est à comprendre comme étant un changement d’état de vie.

Trois phases sont à considérer

1ère phase – CM1-CM2-6ème

Elle est caractérisée par une grande excitabilité et par une grande curiosité sexuelle.

« Que m’arrive-t-il ? Qu’est-ce qui va m’arriver ? »

La pornographie est un problème y compris dans les mouvements scouts. Lorsqu’une réponse est apportée aux enfants, il y a apaisement. Que les parents en parlent avec leurs enfants, notamment lors des premiers signes de puberté. Par rapport aux questionnements sur la sexualité, les parents sont incités à anticiper et à éviter d’attendre que des questions soient posées par leurs enfants.

2ème phase – de la 5ème à la seconde

Qui suis-je ? Les enfants ont un besoin vital d’être aimés, d’être reconnus, qu’on leurs dise leurs talents, leurs compétences, qu’on leurs dise régulièrement et clairement : “je t’aime”.

Ils vivent un décalage hormonal (mélatonine) de sommeil (pas dû forcément au numérique). Ils dorment parfois 5-6 heures seulement par nuit, et ne récupèrent pas forcément le WE. Nous devons aider les jeunes à avoir un rythme régulier, et plus globalement sur ces sujets (relaxation, sophrologie).

Tout se met en chantier dans le cerveau (dont la zone préfrontale) en vue de construire des connections plus rapides.

Dans ces âges, l’enfant mesure mal les conséquences de ses actes.

L’un des dangers pour eux peut être de ne plus avoir de copains. Ils ne sont pas forcément gentils entre eux, mais ils ont besoin d’amitié, d’être aimés et d’être dans un groupe. Cela peut être l’une des plus jolies manières pour apprendre à aimer, pour apprendre que l’amour est un don de soi.

De même, il faut les aider à conserver l’esprit critique par rapport à l’air du temps.

C’est aussi l’âge du retournement narcissique. L’énergie est concentrée sur soi ; l’on cherche à se comprendre. Ils croient que l’on ne parle que d’eux. Les jeunes filles ont un grand besoin d’être admirées par leur papa.

Il faut leur expliquer la physiologie de la puberté. Ils peuvent vivre une crise d’hyperphagie et se scarifier. Cette dernière pratique est supposée atténuer l’angoisse et les faire aller mieux.

Par effet mimétique, les jeunes ont besoin de s’éprouver, d’expérimenter quelque chose. Il faut les faire sortir de leur famille et de l’école. Si possible, il est préférable qu’ils ne disposent pas d’un téléphone portable pendant la période du collège.

3ème phase – Terminale / études supérieures

“Où vais-je ?” C’est une période où l’on cherche le sens de sa vie en vue de devenir un adulte enraciné. Vivre l’unité de vie : quelles que soient les circonstances, est-ce que je donne toujours la même image de moi-même ?

Ils comprennent que le téléphone leur sert peu ; leur faire retirer Tiktok. Ils ont à apprendre à gérer leur portable. Les réseaux sociaux répondent aux besoins de l’adolescent ; du moins, ils peuvent le penser (ex. d’adolescent(e)s : “Tiktok me vide la tête”).

Leur faire vivre le temps familial : cuisiner, faire de la pâtisserie etc. Leur évoquer ou faire vivre une éducation affective et sexuelle lors de marches côte à côte, en forêt par exemple.

Leur père ou leur mère doit être capable de leur dire : “J’ai fait cela parce que ce sont mes valeurs, parce que j’y crois et que je t’aime. Je te dis non pour telle raison”. Pour les parents, cela peut s’agir d’une vraie réflexion sur soi-même :  qu’est-ce qui est vraiment important ?

L’ado va (ou veut) vérifier si l’amour de ses parents est vraiment inconditionnel. Il peut s’agir d’un test permanent, parfois très difficile à vivre dans la durée. Il n’est jamais trop tard pour leur dire des choses, pour leur dire “je t’aime”.

De leur côté, les adultes ont à montrer l’exemple et à savoir demander pardon.